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Avec l’endométriose et les différents symptômes qu’elle génère au quotidien comme les douleurs, la fatigue chronique ou les troubles digestifs et urinaires, bouger au quotidien peut se révéler particulièrement compliqué. 

En effet, l’endométriose peut se développer partout dans le corps et provoquer des douleurs dans le ventre, dans les jambes, dans le bas du dos ou dans les bras, empêchant les femmes atteintes de la maladie de facilement se déplacer ne serait-ce que pour se rendre sur leur lieu de travail voire pour certaines de sortir de leur lit. En effet, le premier réflexe lorsqu’on a mal est de moins bouger. Pourtant, moins on bouge, plus il est difficile de bouger car le corps est moins bien oxygéné, l’inflammation peut augmenter et les adhérences de l’endométriose peuvent se rigidifier. 

Et d’ailleurs, l’ensemble des études montrent que la pratique d’une activité physique adaptée (appelée aussi sport santé) a des effets positifs sur la gestion de la douleur et sur l’amélioration des symptômes anxiodépressifs pour les personnes atteintes de maladie chronique. 

C’est aussi le cas pour l’endométriose. Explications. 

 

Pourquoi pratiquer une activité physique avec l’endométriose ? 

Différentes études ont mis en évidence l’intérêt d’une pratique régulière d’une activité physique pour les femmes atteintes d’endométriose dans le soulagement des douleurs et des autres symptômes (Carpenter et al, 1995 ; Gonçalves et al, 2016 ; Huntington & Gilmour, 2005 ; Lee et al, 2014 ; Awad et al, 2017). 

C’est aussi l’objet du projet CRESCENDO (acCRoitre l’Exercice physique et le Sport pour Combattre l’endométriose), financé par l’Agence nationale de la recherche et piloté par Géraldine Escriva-Boulley, enseignante-chercheuse au sein du Laboratoire Interuniversitaire des Sciences de l’Education et de la Communication de l'université de Haute-Alsace, qui étudie les liens entre activité physique et endométriose et qui teste les effets d'un programme combinant activité physique et éducation thérapeutique sur les symptômes qui y sont liés. 

La première partie de l’étude montre que les activités physiques comme le yoga, le Pilates ou le streching aident à diminuer les douleurs et améliorer le bien-être. Les activités de types cardio seules engendrent autant de bénéfices que d'effets néfastes ; les activités de type renforcement ne montrent pas de changement dans le niveau de douleur, de fatigue ou de bien-être. Celles qui souhaitent faire du renforcement peuvent le faire, attention néanmoins à ne pas forcer sur la zone pelvienne. Les séances proposant des activités cardio et du renforcement doux étaient celles qui avaient de plus d'effets positifs. 

 

Les bénéfices de la pratique d’une activité physique 

La pratique de cette activité physique doit être adaptée pour permettre d’améliorer la qualité de vie des patientes, de réduire les douleurs et les inflammations liées à la maladie. 

Maintenir la mobilité des tissus et des structures ligamentaires et osseuses 

L’activité physique permet également d’apporter de l’espace dans le bassin et de favoriser la détente et la souplesse dans cette zone du corps. 

Il peut être intéressant de privilégier les activités sans à-coup qui peuvent générer des douleurs au niveau du bassin et des autres zones concernées par l’endométriose. 

 

Faire circuler le sang dans le bassin pour oxygéner les tissus et ainsi éviter la congestion et favoriser la régénération naturelle 

Le fait de pratiquer une activité physique régulière permet de faire circuler le sang dans tout le corps et donc également dans le bassin et ainsi d’oxygéner les tissus pour réduire la congestion et les douleurs qui y sont souvent associées. 

 

Réduire la fatigue chronique 

L’activité physique peut également aider les femmes atteintes d’endométriose à réduire la fatigue chronique liée à la maladie1. En effet, se mettre régulièrement en mouvement permet de passer de meilleures nuits, d’une part, et de réveiller la vitalité dans la journée, d’autre part. 

De nombreuses recherches indiquent que l’absence d’activité physique contribue à l’apparition de la fatigue chronique chez les adultes. Le manque de mouvement entraîne un affaiblissement musculaire et détériore la condition physique générale. À mesure que l’énergie diminue jour après jour, il devient plus ardu de retrouver un mode de vie actif. La fatigue s’installe davantage, rendant encore plus difficile la reprise d’une activité sportive. 

 

Améliorer le moral 

Comme l’indique Camille qui a repris la danse « qui fait du bien au moral », le fait de bouger aide à calmer les pensées et le stress. En effet, le mouvement permet de sécréter deux types d’hormones, les endorphines et la sérotonine, qui ont une action antistress. 

 

Prévenir l’endométriose 

Selon les études épidémiologiques, il semblerait que la pratique régulière d’une activité physique et sportive dès le plus jeune âge ait un effet protecteur sur le risque de développer cette maladie (Bonocher et al, 2014 ; Ricci et al, 2016). 

 

Quel type d’activité physique pratiquer ? 

Avec l’endométriose, les femmes se tournent principalement vers des activités douces, faciles à accomplir et respectueuses de la physiologie féminine. La plupart des femmes pratiquent régulièrement du yoga, de la marche à pied et du Pilates. Annabelle témoigne qu’elle essaie « chaque jour de faire un petit quelque chose » tant elle a entendu son médecin et sa kinésithérapeute lui dire de continuer de bouger pouvait lui éviter une amplification des douleurs. C’est la régularité qui est centrale pour que cela ait des effets sur l’état physique. Ainsi, Lucile indique qu’elle fait une « marche quotidienne de 30 minutes à 2 heures », tandis que Gabrielle pratique « l’ellyptique 20 minutes par jour tous les jours » et que Camille témoigne d’une activité physique trois fois par semaine entre « Pilates, marche incluant petit footing, danse à la maison et étirements ». Enfin, certaines font le choix d’inclure le mouvement dans leurs trajets quotidien comme Fatima qui « se déplace beaucoup à vélo ». 

Mais pour d’autres, comme Léna, « il est difficile de s’y tenir parce que la fatigue est souvent trop importante ». Certaines se tournent vers les sports en piscine comme l’aquabike ou l’aquagym tandis que d’autres mettent l’accent sur le renforcement musculaire ou le stretching. Une autre discipline particulièrement plébiscitée est la pole dance. 

Enfin, une solution peut également être de se faire accompagner par un kinésithérapeute grâce à une prescription médicale ou par un enseignant en activité physique adaptée (APA) pour arriver à se remettre à bouger de manière adaptée à son état de forme avec l’endométriose. Il faut savoir que les femmes atteintes d’endométriose et bénéficiaires de l’Affection longue durée (ALD) peuvent voir leurs séances d’APA prescrites par leur médecin prises en charge par certaines mutuelles (mais pas par l’Assurance maladie). 

Peu d’entre elles pratiquent des activités de haute intensité comme le HIIt, le Bootcamp, l’AbCore, le RPM Cycling ou le CrossFit, car leurs corps n’arrivent pas à soutenir le rythme mais également car les études montrent qu’il est déconseillé de les pratiquer dans la mesure où ces activités agissent comme un stress pour l’organisme, accentuant ainsi l’inflammation2. 

En effet, l’exercice entraîne une réponse inflammatoire. Si la pratique d’une activité modérée peut améliorer la fonction immunitaire au-delà des niveaux sédentaires, des quantités excessives d’exercices prolongés et de haute intensité peuvent altérer la fonction immunitaire3. 

Par ailleurs, de nombreuses études scientifiques4 menées sur des milliers de femmes durant plus d’une décennie ont montré que les activités sportives de haute intensité déréglaient la relation hypothalamo-hypophysaire par la surréaction des glandes surrénales à l’activité sportive5. 

Les activités sportives modérées se définissent à la fois par la fréquence de la pratique et l’intensité de l’effort. Lors de la pratique, il est préférable de ne pas être trop essoufflée, d’éviter d’avoir le cœur qui s’accélère, de devenir rouge. 

À ce titre, beaucoup plébiscitent le yoga, mais certains types de yoga peuvent être très intenses (yoga Vinyasa ou le yoga bikram) et stimuler les mécanismes hormonaux du « fight or flight ». Lors du réflexe de "fight or flight" (combat ou fuite), le cerveau détecte un danger via l’amygdale, qui active l’hypothalamus. Celui-ci stimule les glandes surrénales via le système nerveux autonome, libérant de l'adrénaline et du cortisol. L'adrénaline prépare le corps en augmentant le rythme cardiaque, la respiration et la vigilance, tandis que le cortisol mobilise l'énergie en libérant du glucose et en régulant l’inflammation pour éviter qu’elle ne devienne excessive pendant la réponse au stress. 

 

Rédigé par Bertille Flory - Journaliste

 

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