L'endométriose, qui touche une femme sur dix en âge de procréer, reste encore aujourd’hui une maladie largement sous-diagnostiquée, avec des délais de prise en charge pouvant atteindre 7 à 10 ans.Bien souvent, l’errance thérapeutique succède à l’errance diagnostique et les femmes ne trouvent pas de solution à leurs différents symptômes.
Mais ces dernières années, l’innovation scientifique et technologique a accéléré sous l’impulsion des politiques publiques et des initiatives associatives et permis de franchir des étapes décisives dans le diagnostic et la gestion de cette maladie invalidante.
Qu’il s’agisse de tests salivaires révolutionnaires, d’outils numériques ou de nouvelles pistes thérapeutiques liées au microbiote, ces avancées ouvrent la voie à des solutions moins invasives, plus rapides et mieux adaptées aux besoins des patientes.
Les dernières avancées pour un diagnostic rapide et non invasif de l’endométriose
L’Endotest est désormais disponible dans le cadre du forfait innovation
Le diagnostic de l’endométriose peut s’avérer difficile lorsque l’examen clinique réalisé en première intention et le bilan d’imagerie en 2e intention produisent des résultats discordants.
Dans ce cadre, la start-up Ziwig a développé l’Endotest, un dispostif médical innovant conçu pour aider au diagnostic de l’endométriose. Ce test repose sur une analyse génétique effectuée à partir d’un échantillon de salive. Il détecte des biomarqueurs spécifiques associés à l’endométriose, permettant un dépistage non invasif et rapide.
L’utilisation d’Endotest pourrait alors éviter aux patientes une coelioscopie, examen invasif qui présente des risques et est parfois inutile. Il pourrait également permettre un diagnostic précoce pourrait réduire le délai actuel de diagnostic de l’endométriose qui est de 7 à 10 ans.
En octobre 2024, la Haute Autorité de santé (HAS) a émis un avis favorable à la prise en charge de l’Endotest dans le cadre du forfait innovation. Le forfait innovation est un dispositif qui aide à financer et à tester des nouveaux traitements ou dispositifs médicaux innovants. Cela correspond en quelque sorte à « une période d'essai » pour les innovations en santé. Dans ce cadre, l’État finance l’utilisation de cette innovation pendant une durée limitée, souvent dans des hôpitaux ou des établissements de santé. Cela permet de donner un accès précoce et sécurisé au test à certaines patientes et ainsi de recueillir les données manquantes en vue d’une future évaluation, qui détermine si cette innovation est vraiment utile, efficace et si elle apporte un vrai plus pour les patients. Cela permet de voir si elle fonctionne aussi bien dans la « vraie vie » que dans les études scientifiques.
En février 2024, le ministère de la Santé a annoncé la sélection de 80 établissements de santé pour expérimenter l’Endotest. Incluant 2 500 patientes volontaires, cette expérimentation clinique vise à évaluer la réduction du nombre de coelioscopies diagnostiques. 22 500 patientes supplémentaires pourront ensuite avoir accès au test dans ces 80 établissements, en attendant un remboursement élargi et pérenne. Les femmes de 18 à 43 ans présentant une suspicion d'endométriose, pourront ainsi bénéficier gratuitement du test dans le cadre de cette étude, ouvrant potentiellement la voie à une adoption plus large et à une amélioration significative de la prise en charge de l'endométriose en France.
Un test sanguin fondé sur les empreintes digitales spécifiques de l’endométriose
Dans le cadre d’une étude scientifique réalisée en collaboration avec le Royal Women's Hospital et l'Université de Melbourne, les scientifiques ont analysé des échantillons de plasma provenant de 805 participants répartis en deux groupes indépendants.
Les chercheurs australiens ont annoncé qu’ils avaient identifié, dans le sang, 10 biomarqueurs protéiques, ou « empreintes digitales » spécifiques de l’endométriose et permettant de diagnostiquer la maladie.
Cette avancée scientifique a été développée par l’entreprise Proteomics International, une société de technologie médicale basée à Perth (Australie). Le test est appelé PromarkerEndo.
Il pourrait réduire considérablement le coût et le temps généralement consacrés à tenter de résoudre la cause des symptômes dont souffrent les femmes et les filles au fil des années, souvent dès le début de leurs règles.
Le carnet de santé intègre désormais des éléments de dépistage précoce de la maladie chez les adolescentes
La nouvelle version du carnet de santé de l’enfant, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2025, s’appuie sur les recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP).
La prévention occupe encore une place très importante dans ce nouveau carnet de santé, avec un point crucial autour de l’endométriose.
Ainsi, pendant l’adolescence, le carnet de santé propose des questions spécifiques visent à repérer l’endométriose chez les filles.
EndoFrance indique sur son site que “c’est une évolution importante qui va contribuer à :
- sortir de l’idée reçue que “ c’est normal d’avoir mal au ventre pendant les règles ”,
- favoriser le repérage et l’orientation vers des spécialistes en endométriose,
- diminuer l’errance thérapeutique et médicale qu’ont connue nos générations”.
Utilisation de l’intelligence artificielle pour améliorer la lecture des images issues des IRM
Femnov vise à améliorer le suivi gynécologique en fournissant des solutions basée sur de l'IA pour mettre en évidence les pathologies gynécologiques lors d'examens échographiques. FemEndo sera la première solution logicielle spécifiquement conçus pour le diagnostic de l'endométriose.
Les dernières innovations dans la prise en charge et le traitement de l’endométriose
A la frontière entre le diagnostic et le traitement, les recherches autour du microbiote continuent d’être très prometteuses.
Les recherches autour du microbiote continuent de progresser pour améliorer le diagnostic et la prise en charge de l’endométriose
Une étude américaine publiée en octobre 20241 a révélé une signature métabolique spécifique dans les selles des femmes atteintes d'endométriose. La signature métabolique c'est comme une "empreinte chimique" laissée par tout ce qui se passe dans l’intestin. Pendant la digestion, le microbiote produit des petites molécules appelées « métabolites ». Ces métabolites reflètent l’activité du microbiote, la santé de l’intestin et ce qui a été mangé.
En étudiant cette signature, les chercheurs ont découvert que le métabolome (l’ensemble des métabolites) des selles des femmes atteintes d’endométriose est différent de celui des autres femmes : le niveau de la molécule 4-hydroxyindole dérivée des bactéries est plus faible dans les selles des femmes atteintes d'endométriose. Le dosage de cette molécule pourrait être un moyen de diagnostiquer l’endométriose.
Par ailleurs, les chercheurs ont démontré que l’administration de 4-hydroxyindole réduisait les lésions d’endométriose et l’inflammation dans un modèle animal. Cette molécule pourrait donc être une piste de traitement de la maladie car elle inhibe l’apparition et la progression de l’endométriose.
Enfin, l’étude suggère également des similitudes entre l’endométriose et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), avec des liens possibles entre les altérations du microbiote et ces maladies.
Ces travaux, bien que préliminaires, ouvrent des perspectives prometteuses : des tests basés sur des échantillons de selles pourraient simplifier le diagnostic, souvent long et invasif. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats et explorer le potentiel thérapeutique du 4HI chez l'humain.
Innovation pour des outils pour améliorer la qualité de vie
Lyv Endo, une application numérique destinée à l’accompagnement labellisée dispositif médical
Fabriqué par Lyv Healthcare, Lyv Endo® est un Dispositif Médical Numérique (DMN) de Classe I destiné à l'accompagnement des personnes atteintes d'endométriose dans l'autogestion des symptômes de l'endométriose et pour améliorer leur qualité de vie, en complément de leurs parcours de soins classique.
Avec l’objectif d’informer les femmes atteintes d’endométriose et leur donner les clés pour gérer leur quotidien, l'appli Lyv ne propose pas de prescription, mais elle aide les femmes à approfondir leurs connaissances sur la maladie, entourées de grands spécialistes du domaine. Le programme de cette “endoschool” Lyv repose sur 5 piliers de changement de mode de vie : la connaissance de la maladie, l’alimentation, l’activité physique adaptée, le bien-être et la vie intime.
L’argument de cette application e santé repose en somme sur la reprise en main de son corps et de sa maladie : en six mois, Lyv propose de mieux comprendre la maladie, d'instaurer une routine d’autogestion des symptômes, d'accéder aux recommandations de professionnels de santé, et de s’entourer d’un collectif d’entraide.
Rédigé par Bertille Flory - Journaliste