Quand on interroge ChatGpt sur les questions les plus posées autour de l’alimentation pour l’endométriose, on obtient les réponses suivantes : « Quels aliments peuvent aggraver les symptômes de l’endométriose ? » « Le sucre et les aliments transformés aggravent-ils les douleurs ? » « Quels aliments peuvent aider à réguler les hormones pour mieux gérer l'endométriose ? »
Pourtant, aujourd’hui, les recommandations de la Haute autorité de santé et du Collège national des gynécologues et obstétriciens français ne retiennent pas l’alimentation comme un des soins de support pour améliorer la qualité de vie avec l’endométriose.
Et dans le même temps, un grand nombre de femmes témoignent des bénéfices apportés par l’alimentation anti-inflammatoire dans leur quotidien, que ce soit sur leurs troubles digestifs ou sur leurs douleurs.
Qu’est-ce que l’alimentation pour l’endométriose et quels sont ces bénéfices mais aussi les difficultés qu’elle peut engendrer ?
Qu’est-ce que l’alimentation pour l’endométriose ?
Appelée par certains alimentation anti-endométriose (Fabien Piasco L’alimentation anti-endométriose : l’alimentation anti-inflammatoire pour vaincre les douleurs (études scientifiques à l’appui)), par d’autres alimentation anti-inflammatoire, l’alimentation spécifique à l’endométriose est une alimentation de type méditerranéenne qui fait une large place aux produits bruts et à la cuisine maison des légumes, fruits, légumineuses, petits poissons gras riches en omega 3 (sardines, anchois par exemple), bons gras (huiles d’olives, avocats, oléagineux), herbes fraîches, épices, viandes blanches et œufs.
C’est une alimentation qui dans le même temps prône de réduire les produits transformés issus de la grande distribution, les sucres raffinés, les laitages industriels, le gluten de mauvaise qualité et l’alcool.
L’alimentation méditerranéenne a donc une faible teneur en acides gras saturés et une grande richesse en fibres, micronutriments et polyphénols, qui permettent de soutenir l’organisme face à la maladie inflammatoire chronique.
Quels seraient les bienfaits de l’alimentation adaptée à l’endométriose ?
D’après les différents livres disponibles sur le sujet (celui de Fabien Piasco mais aussi celui de Anne-Charlotte Garet et Céline De Sousa intitulé Soulager l'endométriose grâce à une alimentation anti-inflammatoire), l’alimentation anti-inflammatoire :
- soulagerait les douleurs pelviennes issues de l’inflammation ;
- réduirait les troubles digestifs de type ballonnements, diarrhée, constipation ou encore endobelly (le fameux ventre gonflé des femmes atteintes d’endométriose, anglicisme formé d’endométriose et de belly qui veut dire ventre en anglais) ;
- aiderait à combattre la fatigue ;
- optimiserait la fertilité.
Quand on interroge les femmes qui ont mis cette alimentation en place, elles indiquent que ce sont effectivement les effets qu’elles ont ressenti. Sonia partage que depuis qu’elle mange anti-inflammatoire, elle ressent « beaucoup moins de douleurs digestives et surtout un corps qui est bien plus fort ». C’est la même chose pour Candice : parmi les « bénéfices : l’intensité des douleurs (parfois) et mon niveau d’énergie ».
De son côté, Aurélie indique qu’elle a « moins de ballonnements, moins de diarrhée, de constipation, moins de ventre tendu ». Le témoignage de Carole va dans le même sens, elle indique qu’elle a « moins d’endobelly et lorsqu’elle lâche l’alimentation elle a beaucoup plus de douleurs ».
Mais la mise en place est loin d’être facile car « parfois des aliments pas sains passent mieux que des aliments sains » partage Sonia. Et ce ne sont malheureusement pas les seules difficultés auxquelles font face les femmes qui mettent en place cette alimentation.
Quelles difficultés face à cette alimentation avec l’endométriose ?
Impact social et émotionnel
En effet, si les bienfaits sur leur qualité de vie sont incontestables pour un grand nombre de femmes, la mise en place et la poursuite sur la durée de cette alimentation peut être particulièrement difficile. Ainsi, Nathalie indique : « ça a tellement amélioré ma vie en général, je dirai que du bon c’est juste difficile socialement ».
En effet, en tête des difficultés les plus partagées par les femmes atteintes d’endométriose qui mangent anti-inflammatoire, on retrouve les repas partagés et les moments de convivialité. Ils sont devenus un casse-tête pour beaucoup. C’est ce dont témoigne Agathe qui est déçue « de ne plus pouvoir autant prendre l’apéro » ou Clara qui trouve difficile « l’omniprésence de la malbouffe dans les moments partagés. Je viens avec mon repas ».
Complexité organisationnelle
La mise en place de l’alimentation anti-inflammatoire nécessite de changer ses habitudes et de trouver un véritable équilibre au quotidien. Certaines trouvent difficiles de « devoir tout le temps cuisiner » ou de « devoir se justifier auprès des proches qui ne comprennent pas » comme Judith.
Changer son alimentation est un véritable challenge car la nourriture tient une grande place dans nos vies. Elle est au centre de nos fonctionnements sociaux. Elle a des ressorts culturels, familiaux, mais aussi émotionnels.
Et c’est ce dont témoignent quelques femmes pour qui le chemin avec l’alimentation pour l’endométriose a été source d’anxiété alimentaire.
En effet, si l’alimentation pour l’endométriose reprend les grandes fondations de l’alimentation santé, certains courants bien-être sur les réseaux sociaux l’ont poussée à l’extrême. On peut ainsi lire sur Instagram et Facebook de multiples conseils prodigués par des personnes non formées et non spécialisées en diététique qui affirment qu’il vaut mieux manger totalement sans gluten, sans viande rouge, sans sucre (du tout) ainsi que des aliments sans histamine1, sans FODMAPS2, sans solanacée3 ou bien encore qui ne font pas trop varier la glycémie pour éviter d’accentuer l’inflammation.
Elle est ainsi vue comme très limitative par certaines femmes à l’instar de Charlotte qui indique que ce type d’alimentation est « très restrictif et dur à instaurer pour toute la famille » ou de Leila qui la trouve « trop contraignante, [générant] beaucoup de frustration, [un] manque d’intérêt pour les repas et [une] grosse perte de poids ».
Anxiété alimentaire
L’anxiété alimentaire désigne le moment où l’alimentation (la nourriture, les repas, les habitudes alimentaires) devient une préoccupation dite excessive, chronique, qui a des répercussions directes sur notre vie et notre santé. C’est un trouble alimentaire, au même titre que l’anorexie, la boulimie, etc.
Une récente étude épidémiologique et génétique réalisée au Royaume-Uni chez plus de 200 000 patientes confirme que l'endométriose augmente le risque d'état dépressif (de 3,61 fois), le risque d'anxiété (de 2,61 fois) et le risque de troubles de l'alimentation (de 2,94 fois) [Koller 2023].
L’endométriose peut entraîner de l’anxiété alimentaire pour plusieurs raisons.
- Les nombreuses informations sur l’utilité de l’alimentation anti-inflammatoire dans la gestion et le soulagement des douleurs et des symptômes digestifs amènent les femmes à contrôler leur alimentation et à la restriction aux aliments qui sont uniquement “anti-inflammatoires” dans l’espoir de soulager leur quotidien avec la maladie ;
- La peur des douleurs chroniques et des symptômes digestifs (ballonnements, nausées, constipation, etc.) peuvent amener à surveiller de près / à contrôler notre alimentation ;
- La peur de déclencher une crise douloureuse après un repas peut devenir omniprésente et amener à contrôler très fortement chaque prise alimentaire ;
- L’angoisse de manger des aliments contenus dans des matières en plastique (ou tout autre matériau synthétique) et qui contiennent des perturbateurs endocriniens
- le suivi des recommandations “aléatoires” vues sur les réseaux : zéro gluten, zéro lactose, zéro sucre ;
- la peur de continuer à perdre du poids à cause des troubles digestifs ;
- la peur de ne pas nourrir suffisamment correctement son corps pour permettre une grossesse
- la peur de prendre du poids avec les traitements hormonaux
- la difficulté à gérer l’anxiété et le stress inhérents au fait de vivre au quotidien avec une maladie chronique peuvent pousser à se réfugier dans la nourriture (alimentation émotionnelle) ;
- le fait de voir l’alimentation comme une source de contrainte et non comme une source de plaisir ;
- la culpabilisation après avoir mangé un repas qui n’était pas “anti-inflammatoire” au sens strict du terme.
L’alimentation tourne finalement à l’obsession. Pour certaines femmes, cela va se transformer en orthorexie (comportement névrotique caractérisé par l’obsession de l’alimentation saine). Pour d’autres, cela peut conduire à des troubles alimentaires plus connus comme l’anorexie, la boulimie, l’hyperphagie boulimique …
C’est la raison pour laquelle il peut être important de se faire accompagner dans ces changements de mode de vie
Comment mettre en place ce type d’alimentation pour l’endométriose ?
Se faire accompagner par des professionnels
C’est le choix fait par certaines femmes qui font appel à des professionnels formés sur le sujet que ce soit des nutritionnistes, des diététiciennes, des naturopathes, des médecins fonctionnels ou bien encore un gastro-entérologue ou une sage-femme. Certaines confient même que c’est leur chirurgien qui leur a recommandé cette approche et suggéré un livre pour que les bénéfices de l’opération soient encore plus durables.
Une approche autodidacte qui peut fonctionner
D’autres femmes choisissent de se lancer seules dans cette transition alimentaire en s’appuyant sur leurs recherches personnelles et des contenus disponibles en ligne ou en librairie comme Vanessa qui témoigne d’avoir « acheté des livres comme celui de Fabien Piasco ou encore Le grand livre de l’alimentation anti-inflammatoire » d’Alix Lefief-Delcourt, Laetitia Proust-Million ou Sarah qui indique qu’elle a mis en place cette nouvelle alimentation grâce « aux réseaux sociaux, à des ebooks et des livres de recettes anti-inflammatoires » et cela se passe aussi bien pour elles.
Pour d’autres, c’est un mix entre des recherches individuelles et un accompagnement avec un professionnel de la nutrition qui les a aidés même si l’une d’entre elles témoigne que « je savais déjà presque tout quand je l’ai vue » la diététicienne.
L’important de s’écouter soi
L’important est de savoir s’écouter et d’aller chercher de l’aide quand le besoin s’en fait sentir.
Rédigé par Bertille Flory - Journaliste