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Depuis plusieurs années, on prend la mesure de l’impact que peut avoir l’alimentation sur notre santé. L’endométriose n’y fait pas exception et c’est une piste à explorer lorsqu’on en souffre, pour soulager si ce n’est, pour certaines femmes carrément diminuer, les crises. Attention cependant, il n’est pas question de dire que changer son alimentation pourra guérir l’endométriose, il n’existe à ce jour aucun traitement et on ne guérit pas de cette maladie. Pour autant, on peut largement en diminuer les symptômes dans certains cas. En gardant bien en tête que chaque femme est différente, et on ne le répétera jamais assez, il y a autant de types d’endo qu’il y a d’endogirls. Ce qui fonctionne chez certaines ne sera pas forcément une évidence sur d’autres. Alors comme d’habitude, il faut tester et voir ce qui nous convient ou non, ce qui nous soulage ou au contraire ce qui peut déclencher des crises.

L’alimentation anti-inflammatoire pour soulager les symptômes liés à l’endométriose

Dans un article pour le Journal des Femmes Santé, le diététicien-nutritionniste Fabrice Piasco déclare « il semblerait qu'une alimentation anti-inflammatoire et modulant le terrain hormonal pourrait jouer un rôle dans la stabilisation des lésions et la réduction des symptômes de l'endométriose[1]. » Ainsi, l’alimentation semble être une piste intéressante à explorer dans la gestion quotidienne de la douleur.

Lauriane Bonel, naturopathe spécialisée dans les pathologies liées à la femme (endométriose, syndrome des ovaires polykystiques …) nous explique ce qu’est l’alimentation anti-inflammatoire. « Cette alimentation va consister à manger du bon gras, des bonnes protéines, des légumes de saisons, éviter les produits trop gras, trop sucrés, industriels et remplis d’additifs ... L’alimentation anti-inflammatoire va permettre de réduire les symptômes de l’endométriose qui est une pathologie chronique inflammatoire. Elle va permettre d’équilibrer le terrain en agissant sur l’équilibre œstrogènes / progestérone, sur une éventuelle dysbiose intestinale communément appelée « perméabilité intestinale ». Elle va venir soutenir le foie en charge de l’élimination de l’excès d’œstrogènes (pro-inflammatoire), réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens qui vont interagir avec nos vraies hormones … »

Selon elle, il faut privilégier :

  • Les Omégas 3 DHA EPA : les petits poissons gras (hareng, maquereau, sardine …), les « bonnes » huiles de colza, de noix, de bourrache, l’avocat …
  • Les herbes et épices : gingembre, curcuma, curry …
  • Les fruits et légumes riches en anti-oxydants car ils maintiennent l’équilibre acido-basique et une bonne santé intestinale.
  • Des céréales comme le quinoa, pâte de riz, riz rouge ou basmati, sarrasin …
  • Les protéines végétales.

Elle conseille aussi, pour réduire les douleurs liées à cette pathologie, d’éviter :

  • Les aliments trop riches en Omégas 6 : l’huile de sésame, de tournesol, de pépin de raisin …
  • Les produits laitiers.
  • Le gluten.
  • Attention aux produits animaux transformés comme la charcuterie.

Végétarisme et endo

Pascaline, 29 ans, est atteinte d’endométriose et d’adénomyose depuis maintenant 10 ans. Ses douleurs sont diverses : pendant les rapports, pendant les règles, mais surtout en dehors des règles, des douleurs sous forme de crises, et d’autres douleurs plus diffuses, en continu. La prise en charge médicale a été vrai parcours du combattant. Elle nous raconte qu’elle s’est sentie abandonnée et après avoir mené de nombreuses recherches, elle s’est essayée au végétarisme pour tenter de soulager ses douleurs.

 « Voilà deux ans que je me renseigne, que je vais sur des forums, que je cherche des témoignages d’autres personnes dans le même cas que moi pour répondre à la question : « qu’est-ce qui peut limiter les douleurs » ? Je suis suivie par une gynéco qui m’a prescrit une pilule en continu pour limiter les règles, et donc la propagation de la maladie. J’ai en plus tenté d’autres méthodes mais ce n’était pas suffisant. Lors de mes recherches de méthodes naturelles pour stopper, ou du moins limiter, les douleurs quasi quotidiennes, j’ai découvert que l’endométriose et l’adénomyose sont des maladies sensibles à tout ce qui peut favoriser le processus inflammatoire. S’est donc rapidement posé la question de l’alimentation. Après de nombreuses recherches (et notamment après avoir visionné les documentaires The Game Changers et What the Health), il était devenu pour moi évident que les graisses animales étaient pro-inflammmatoires. Le lien avec l’endométriose était là (et avec tant d’autres maladies : diabète, cholestérol, cancers …). J’ai ouvert les yeux sur mon mode de vie. Et si la douleur pouvait devenir plus tolérable en changeant d’alimentation ? J’ai donc complètement arrêté la chair animale. 4 mois plus tard, je suis végétarienne à tendance végétalienne et les résultats sont clairement déjà là, c’est loin d’être parfait, mais c’est déjà parlant. J’ai moins de crises, moins de douleurs diffuses, moins de ballonnements. J’ai réellement moins de douleurs. »

Pour rappel : supplémentez-vous en B12 si vous souhaitez opter pour une alimentation végéta*ienne. Une alimentation végéta*ienne correctement menée est tout à fait adéquate sur le plan nutritionnel.

Lauriane Bonel nous alerte aussi sur le stress oxydatif. « Le stress oxydatif va être un élément important dans la gestion des symptômes de l’endométriose. Contrairement au stress psychologique, il est lié à la production excessive de radicaux libres par nos cellules.

Quand ces derniers ne sont pas éliminés correctement alors ils s’accumulent et créent des déséquilibres. Ils sont inoffensifs lorsqu’ils sont en petite quantités. Des études ont été menées et ont mis en lumière l’impact du stress oxydatifn sur l’endométriose. Il a été démontré qu’en agissant sur ce stress provoqué par le tabagisme, l’alimentation pro-inflammatoire, l’exposition excessive aux perturbateurs endocriniens, les métaux lourds, la sédentarité … Se crée alors un déséquilibre oxydant et anti-oxydants et de ce fait, accentue le terrain inflammatoire. Cette inflammation qui devient chronique chez les femmes atteintes d’endométriose vient entretenir l’excès de radicaux libres. »

D’un point de vue purement pratique, et pour se simplifier les choses, il peut être pertinent de consigner dans un carnet nos repas de la journée et les différents symptômes que l’on a pu observer (mais aussi les sorties, prises d’alcool, nombre de cigarettes fumées, bref tout ce qui peut avoir une incidence sur l’endométriose, plus on a d’infos, mieux c’est). Ainsi, il sera plus facile de repérer si certains aliments déclenchent ou soulagent des crises et donc adapter son régime alimentaire en fonction. Vous pouvez aussi corréler toutes ces informations avec vos cycles menstruels qui est en lien direct avec la digestion.

Alimentation : attention à ce que ça ne devienne pas une charge mentale supplémentaire

On ne va pas se mentir, l’alimentation, c’est 3 fois par jour, au petit-déj, au déjeuner et au dîner, alors ça peut représenter une charge mentale non négligeable et très vite devenir une source de stress importante. Cuisiner maison, acheter des produits frais … Ça a un coût et ça prend beaucoup de temps. Il existe des techniques, comme celle du « batching » par exemple, qui peuvent aider à s’économiser un peu, tant en termes de temps qu’en santé mentale. Mais ce n’est pas toujours évident à mettre en place et ça demande beaucoup d’organisation. Alors l’alimentation saine oui, mais attention à ce que ça ne devienne pas une source de stress supplémentaire … Il faut aussi savoir se foutre la paix par moments, et ne pas se culpabiliser si on a préféré sortir se balader dimanche après-midi plutôt que de passer la journée en cuisine à préparer tous ses plats de la semaine. Angélique Bigot, naturopathe spécialisée dans l’axe intestins – cerveau - peau et fondatrice de MyNeuroNutrition nous explique « Quand on mange, le contexte est primordial, on peut avoir une assiette parfaitement équilibrée au niveau des nutriments, des calories etc., si on mange rapidement, de façon stressée ou qu’on n’aime pas ce qu’on mange, ça va avoir un impact négatif sur l’absorption des nutriments qui est indispensable. » Alors on respire un grand coup et on arrête de se mettre la pression. Manger sainement oui, mais pas à tout prix. « Même si on ne peut pas tout faire, car c’est impossible, je dirais que le minimum c’est de prendre le temps, même si c’est seulement 15 minutes. Pendant ces 15 minutes là, il faudra surtout veiller à la mastication, car ça va aider à la digestion. »

 

Rédigé par Gala Avanzi - Journaliste

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